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général vincent desportes - Page 2

  • L'éternel retour de la guerre...

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    Le dixième numéro hors-série de La Nouvelle Revue d'Histoire est en kiosque. Il est consacré à la guerre et à ses métamorphoses.

    Au sommaire de ce numéro :

    Éditorial : Vers l'explosion de la poudrière mondiale ?
    Par Philippe Conrad

    L'histoire des guerres, l'histoire du monde
    Entretien avec le général Vincent Desportes, propos recueillis par Grégoire Gambier

    La préhistoire de la guerre
    Par Philippe Conrad

    La guerre dans les anciennes sociétés indo-européennes
    Par Henri Levavasseur

    La chevalerie ou le modèle médiéval de la guerre
    Par Bernard Fontaine

    Les ordres militaires médiévaux
    Par Bernard Fontaine

    La Révolution militaire à l'époque moderne
    Par Jean-Pierre Bois

    La petite guerre, auxiliaire de la "grande"
    Par Sandrine Picaud-Monnerat
    La "guerre de course" des Bretons
    Par Yves de Tréséguidy

    De la guerre des rois à la guerre des peuples
    Par le général Maurice Faivre

    Guerre industrielle, guerre totale
    Par Philippe Conrad

    La Grande Guerre des écrivains
    Par Philippe Colombani

    La permanence de la guerre économique
    Par Pascal Gauchon

    La guerre révolutionnaire,"le pouvoir au bout des fusils"
    Par Yves Nantillé

    L'école française de la contre-insurrection
    Par Mériadec Raffray

    La guerre n'est plus un tabou
    Entretien avec le colonel Michel Goya, propos recueillis par Philippe Conrad

    Comment le cinéma voit la guerre
    Par Philippe d'Hugues
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  • L'avenir de la guerre...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous une conférence donnée le 2 juin 2014 par le général Vincent Desportes devant le Cercle Aristote, sur le thème « L'avenir de la guerre ».Sanctionné en 2010 pour une prise de position hostile à l'engagement français en Afghanistan, le général Desportes est l'auteur de plusieurs ouvrages de réflexion sur la guerre et la stratégie, tels que Comprendre la stratégie (Economica, 2001), Décider dans l'incertitude (Economica, 2004), La guerre probable (Economica, 2008) et dernièrement Le piège américain (Economica,2011).

     


    Le général Desportes sur l'avenir de la Guerre par webtele-libre

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  • La guerre au nom de l'humanité ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue d'Alain de Benoist, cueilli sur Boulevard Voltaire et consacré aux guerres "humanitaires" d'aujourd'hui... 

     

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    Les guerres idéologiques modernes ont pris le relais des anciennes guerres de religion…

    Autrefois, des princes cyniques se faisaient la guerre afin d’agrandir leurs territoires respectifs. Aujourd’hui, les conflits semblent avoir changé de nature…

    Ils ont changé de nature parce que le regard sur la guerre a changé. Elle était considérée autrefois comme un événement désagréable, mais dont aucune société ne pouvait faire l’économie. Peu à peu, l’idée s’est fait jour, cependant, que l’on pouvait en finir avec la guerre. Cela a abouti en 1928 au pacte Briand-Kellogg, signé par 63 pays qui déclarèrent solennellement qu’ils condamnaient le recours à la guerre pour le règlement des différends internationaux et y renonçaient en tant qu’instrument de politique nationale. Cela n’a évidemment pas empêché la Deuxième Guerre mondiale d’éclater ! À partir de 1945, la guerre d’agression ayant de nouveau été mise hors la loi, on s’est empressé de trouver des moyens de tourner cette interdiction. L’une des astuces à laquelle on a eu recours a été la notion de « légitime défense préventive », dont les États-Unis et Israël se sont faits les théoriciens. Mais la trouvaille majeure a été de décréter qu’il était licite de faire la guerre lorsque les motifs étaient d’ordre éminemment moral : rétablir la démocratie, sauver les populations civiles, éliminer une dictature. Le recours à la force contre des États souverains a donc été justifié par des considérations d’ordre interne. La charte de l’ONU, élaborée au départ en vue du maintien de la paix, a parallèlement été réinterprétée comme devant assurer le primat du « droit international humanitaire », fût-ce par le moyen de conflits armés. Ainsi sont nées les « guerres humanitaires » inspirées par l’idéologie des droits de l’homme.

    Grande est l’impression que, désormais, non content de battre l’ennemi, il faut l’annihiler, le criminaliser, voire le convertir… N’assistons-nous pas à des parodies de croisade, les droits de l’homme ayant remplacé les Évangiles ?

    Dès que l’on se situe sur le terrain de la morale, une telle évolution est inévitable. Les guerres de religion sont par définition les plus meurtrières, parce que l’ennemi n’y est plus perçu comme un adversaire du moment, qui pourrait éventuellement devenir un allié si les circonstances changeaient, mais comme une figure du Mal. C’est pour en finir avec les guerres de religion qu’au lendemain des traités de Westphalie (1648) un nouveau droit de la guerre (jus ad bellum), lié à l’avènement de ce qu’on a appelé le jus publicum europaeum, a vu le jour. Son but explicite était d’humaniser la guerre, de la « mettre en forme », selon l’expression de Vattel. C’était une guerre à justus hostis : on admettait que celui-là même que l’on combattait pouvait avoir ses raisons. Il était l’ennemi, mais il n’était pas le Mal. La victoire s’accompagnait d’un traité de paix, et nul ne cherchait à perpétuer, au lendemain des combats, une hostilité qui n’avait plus lieu d’être.

    Les guerres idéologiques modernes ont pris le relais des anciennes guerres de religion, avec lesquelles elles ont une évidente parenté : il y est toujours question du Bien et du Mal. Ces guerres modernes ressuscitent le modèle médiéval de la guerre à justa causa, de la « guerre juste », c’est-à-dire de la guerre qui tire sa légitimité de ce qu’elle défend une « juste cause ». L’ennemi est, dès lors, nécessairement tenu pour un criminel, un délinquant, qu’il ne faut pas seulement vaincre, mais dont on doit aussi éradiquer tout ce qu’il représente. Les guerres « humanitaires » d’aujourd’hui sont des guerres au nom de l’humanité : qui se bat au nom de l’humanité tend nécessairement à regarder ceux qu’il combat comme hors humanité. Contre un tel ennemi, tous les moyens deviennent bons, à commencer par les bombardements de masse. Dès lors s’effacent toutes les distinctions traditionnelles : entre les combattants et les civils, le front et l’arrière, la police et l’armée (les guerres deviennent des « opérations de police internationale ») et finalement la guerre et la paix, puisque avec la « rééducation » des populations conquises, la guerre se prolonge en temps de paix. Quant au soldat, comme l’écrit Robert Redeker, l’auteur du Soldat impossible, il est « remplacé par un mixte de policier, de gendarme, d’intervenant humanitaire, d’assistance sociale, d’infirmier et de pédagogue », chargé de « convertir, en punissant les récalcitrants, tous les États aux droits de l’homme et à la démocratie ». Ce n’est plus qu’une apparence de soldat.

    D’un autre côté, on ne cesse de nous vanter des « guerres propres » avec « zéro mort ». N’y aurait-il pas contradiction ?

    Dans le meilleur des cas, le « zéro mort » n’est jamais envisagé que pour « les nôtres » ! Les pertes ennemies ne sont pas prises en compte. L’idée est née de l’évolution des techniques de guerre. On est passé du corps à corps à la flèche, puis au carreau d’arbalète, à la balle, au boulet de canon, à l’obus, à la bombe aérienne. En clair : la distance entre celui qui tue et celui qui est tué n’a jamais cessé de croître. L’avion qui lâche ses bombes incendiaires sur des populations civiles ne prend guère de risques si l’ennemi ne possède ni batteries anti-aériennes ni missiles sol-air. On atteint aujourd’hui un sommet avec les drones qui tuent des gens par centaines en Afghanistan, mais sont manœuvrés des États-Unis par des fonctionnaires qui appuient sur des boutons comme s’ils jouaient à un jeu vidéo.

    Cela dit, le recours à des outillages technologiques de plus en plus sophistiqués n’est pas gage de victoire : gagner une bataille n’est pas gagner la guerre. On l’a bien vu en Irak et en Afghanistan : c’est après le succès initial que les problèmes commencent. « À la guerre, chaque adversaire fait la loi de l’Autre », rappelait Clausewitz. En France, où l’armée de terre ne représente plus que 119.000 hommes, on n’a cessé de diminuer les effectifs et de rogner sur le budget de la Défense (aujourd’hui 1,5 % du PIB), avec comme résultat que l’armée française n’a plus les moyens d’intervenir sur plus d’un front. Ce que rappelait récemment le général Vincent Desportes, ancien directeur de l’École de guerre : « Des forces réduites de haute sophistication sont de plus en plus aptes à remporter les batailles et de moins en moins capables de gagner les guerres, adaptées surtout aux conflits que nous ne voulons pas mener. »

    Alain de Benoist, propos recueillis par Nicolas Gauthier (Boulevard Voltaire, 24 avril 2014)

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  • 2013 : fin des rêves militaires

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue du général Vincent Desportes sur les faiblesses de la politique militaire de notre pays... Le général Desportes est l'auteur de nombreux essais consacrés à la stratégie comme Comprendre la guerre (Economica, 2000) ou La guerre probable (Economica, 2008).

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    2013 : fin des rêves militaires

    2013 aura été « très militaire ». Deux interventions majeures, Serval au Mali pour lancer l’année, Sangaris en République Centrafricaine pour l’achever, avec, à mi-parcours, une opération en Syrie restée sans nom pour avoir été bloquée au dernier instant. En miroir, deux textes fondateurs : le 29 avril, officialisation du Livre Blanc dont la traduction budgétaire - la Loi de Programmation Militaire -, est approuvée par les deux chambres au cours du dernier trimestre.

    La puissante contradiction entre les faits – les interventions – et le discours – les deux textes – qui organisent parallèlement la dégradation progressive mais certaine de nos capacités militaires, ne peut que frapper les esprits. Interventionnisme, parfaitement légitime dans les trois cas, et incohérence… jusqu’à l’absurde. De cette « année stratégique » forgée de contradictions, plusieurs leçons peuvent être tirées.

    Leçon n°1 : l’évidence des inadéquations. Inadéquation d’abord entre notre politique extérieure, qui s’appuie à juste titre sur nos capacités militaires, et notre politique militaire qui tend à réduire ces mêmes capacités selon des logiques parfaitement déconnectées de leurs raisons d’être. Inadéquation ensuite entre les modèles de forces vers lesquelles nous nous dirigeons inexorablement - des forces réduites de haute sophistication, de plus en plus aptes à remporter les batailles et de moins en moins capables de gagner les guerres, adaptées surtout aux conflits que nous ne voulons pas mener – et les guerres combattues qui exigent des formats et des moyens dont nous nous dépouillons allégrement.

    Leçon n°2 : nous ne pouvons fuir nos responsabilités et nos intérêts, ils nous rattrapent. En particulier, nous ne pouvons pas échapper à l’Afrique. Cette politique, initiée dès les années 1990, n’a pas su se donner les moyens du succès. Le pire pour le monde, pour la France, serait une Afrique profondément déstabilisée, faible économiquement, qui aurait le plus grand mal à faire face à l’inexorable mais prochain  - 20 ans - doublement de sa population. Des Etats baroques que nous lui avons laissés, nous n’avons pas su l’aider à faire des Nations. Dès lors, pour un moment, nous devons nous réengager fermement, militairement en particulier, pour construire des structures fiables de sécurité panafricaines et rebâtir des armées qui constituent souvent l’indispensable ossature de ces Etats fragiles.

    Leçon n°3 : la fin du rêve européen. Plus que beaucoup d’autres, les Français ont été européens, en matière militaire en particulier. 2013 nous contraint au réalisme. Allons vers l’Europe, mais arrêtons de nous départir des moyens nécessaires à l’exercice de nos responsabilités et à la protection de nos intérêts ; l’Europe elle-même en a besoin pour que soient remplies les missions dont seules les armées françaises sont capables. Tant qu’il n’y aura pas de vision stratégique commune il n’y aura pas de défense commune, car le sentiment de solidarité n’est pas assez fort pour imposer le risque politique. Alors, pour longtemps encore, ne pourront être partagées que les capacités, aériennes et navales, dont l’engagement ne constitue justement pas un risque politique. L’intervention de troupes au sol est trop dangereuse pour dépasser les égoïsmes nationaux : préservons les nôtres si nous voulons maîtriser notre action extérieure.

    Leçons n°4 : nous ne pouvons pas commander à la guerre. Le rêve du politique, c’est l’intervention puissante, rapide, ponctuelle, qui sidère. C’est le mythe cent fois invalidé du « hit and transfer », du choc militaire qui conduirait directement au résultat stratégique et, dans un monde parfait, au passage de relais à quelques armées vassales immédiatement aptes et désireuses d’assumer elles-mêmes les responsabilités. Las ! Les calendriers idéaux sont toujours infirmés par la « vie propre » de la guerre. De la première bataille à « la paix meilleure » qu’elle vise, il y a toujours un long chemin chaotique qui ne produit le succès que dans la durée, l’effort et la persévérance.

    Leçon n°5 : le volontarisme ne remplace pas les moyens. Dès lors que, pour de multiples raisons, le « paradigme de destruction » ne peut plus être le paradigme central de la guerre, dès lors qu’il faut agir dans des contextes où le facteur multiplicateur de la technologie est très réduit, dès lors que la légitimité de la bataille ne peut se mesurer, ex-post, qu’à l’aulne du résultat politique, l’instantanéité et la « foudroyance » ne fonctionnent plus. La capacité à durer, les volumes déployables, les contrôles des espaces, redeviennent des données essentielles, ce qui remet d’autant en cause les évolutions de nos armées et ce terrible « manque d’épaisseur stratégique » qui les caractérise aujourd’hui.

    La France est, et se veut, à juste titre, une grande nation, ce qui suppose des capacités d’action, militaires en particulier. En nous montrant clairement à la fois ce que sait faire notre appareil militaire et ses évidentes limites, 2013 nous réveille et nous rappelle que le premier devoir du stratège est de proportionner l’enjeu et les moyens.

    Vincent Desportes (Revue Défense Nationale, 28 janvier 2014)

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